simplement l'action d'un objet, mais aussi quand nous agissons, au sens vulgaire
du mot, pour éviter cette action ; par exemple, l'acte de fuir parce qu'on voit
un lion n'est pas une action, car notre nature seule ne suffit pas à expliquer
cette action ; elle dépend à la fois de notre nature et d'un événement ; de même
si je dresse un paratonnerre pour me mettre à l'abri de la foudre, de même
encore si je rends service à quelqu'un en vue de l'attacher à moi par la
reconnaissance ; de même lorsque Auguste pardonne à Cinna pour désarmer ses
autres ennemis. Il résulte de là qu'il ne faut pas, au sujet de l'action et de
la passion, croire ce que disent les hommes et ce qu'ils croient ; car, bien
souvent, ils croient qu'ils agissent alors qu'ils ne font que patir, et ils font
honneur à leur volonté de ce qui, en réalité, n'est pas explicable par leur
nature seule. De même
tn pas chr que
l'ignorant ne désire point la certitude, attendu qu'il ne soupconne pas ce que
c'est, mais dit et croit qu'il l'a, de même l'homme qui est le plus esclave des
événements ne désire point la puissance et la liberté, attendu
tn requin, nike qu'il ne soupconne pas
ce que c'est, dit et croit qu'il les a. Le corps humain peut être modifié de
beaucoup de facons
; et, par ces modifications, sa puissance d'agir peut
être augmentée ou diminuée. Par exemple, le froid peut produire, dans certaines
parties du corps, un engorgement ou une congestion qui est déjà une maladie ; un
tn-pas-cher bon repas, un exercice
modéré augmentent les forces du corps et le disposent à l'action. L'idée de
chacune de ces modifications est nécessairement donnée en même temps dans l'ame.
Nous appellerons sentiment l'idée d'une modification de notre corps, par
laquelle sa puissance d'agir est augmentée ou diminuée. L'ame, en tant qu'elle a
des idées adéquates, agit ou fait des actions. En effet, ces idées ne dépendent
de rien d'extérieur à elle; elle les concoit et les enchaine conformément à sa
nature et sans être liée à aucun événement ; en d'autres termes, ces idées, par
exemple l'idée de la ligne droite comme résultant du mouvement d'un point, ou
l'idée de la sphère comme résultant de la rotation d'un demi-cercle,
s'expliquent par la nature de l'ame seule ; nous n'obéissons, en les
construisant, qu'aux exigences de notre pensée ; c'est ce qu'on exprime en
disant que l'ame agit. L'ame patit ou a des passions, au contraire, en tant
qu'elle a des idées inadéquates. Car les idées inadéquates dépendent de corps
extérieurs, c'est-à-dire d'événements qui dépendent eux-mêmes d'autres
événements, et enfin de l'univers tout entier; et ces idées ne sontpas, par
suite, explicables par la seule nature de l'ame; elles ne seraient explicables
que par l'univers tout entier ou si l'on veut, par Dieu en tant qu'il constitue
l'être non seulement de l'ame
tnnikerequin humaine, mais encore de
toutes les autres choses. En d'autres termes, l'ame est d'autant plus esclave
qu'elle se détermine plus d'après des faits, et d'autant plus libre qu'elle se
préoccupe moins des faits.
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