La salle à manger, qui se trouvait sur le derrière, ainsi que la cuisine, resta
presque vide ; une table et une douzaine de chaises se perdirent dans l'ombre de
cette vaste pièce, dont la fenêtre s'ouvrait sur le mur gris d'une maison
voisine. Comme jamais personne n'entrait dans la chambre à coucher, Félicité y
avait caché les meubles hors de service ; outre le lit,
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tn pa chere une armoire, un secrétaire et une toilette,
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plus on y voyait deux berceaux mis l'un sur l'autre, un buffet dont les
portes manquaient, et une bibliothèque entièrement vide, ruines respectables que
la vieille femme n'avait
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requin 35 pu se décider à jeter. Mais tous ses soins furent pour le salon.
Elle réussit presque à en faire un lieu habitable. Il était garni d'un meuble de
velours jaunatre, à fleurs satinées. Au milieu se trouvait un guéridon à
tablette de marbre ; des consoles, surmontées de glaces, s'appuyaient aux deux
bouts de la pièce. Il y avait même un tapis qui ne couvrait que le milieu du
parquet, et un lustre garni d'un étui de mousseline blanche que les mouches
avaient piqué de chiures noires. Aux murs étaient pendues six lithographies
représentant les grandes batailles de Napoléon. Cet ameublement datait des
premières années de l'Empire. Pour tout embellissement, Félicité obtint qu'on
tapissat la pièce d'un papier orange à grands ramages. Le salon avait ainsi pris
une étrange couleur jaune qui l'emplissait d'un jour faux et aveuglant ; le
meuble, le papier, les rideaux de fenêtre étaient jaunes ; le tapis et jusqu'aux
marbres du guéridon et des consoles tiraient eux- mêmes sur le jaune. Quand les
rideaux étaient fermés, les teintes devenaient cependant assez
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requin bb harmonieuses, le salon paraissait presque propre. Mais Félicité
avait rêvé un autre luxe. Elle voyait avec un désespoir muet cette misère mal
dissimulée. D'habitude, elle se tenait dans le salon, la plus belle pièce du
logis. Une de ses distractions les plus douces et les plus amères à la fois
était de se mettre à l'une des fenêtres de cette pièce, qui donnaient sur la rue
de la Banne. Elle apercevait de biais la place de la Sous-Préfecture. C'était là
son paradis rêvé. Cette petite place, nue, proprette, aux maisons claires, lui
semblait un éden. Elle eut donné dix ans de sa vie pour posséder une de ces
habitations. La maison qui formait le coin de gauche, et dans laquelle logeait
le receveur particulier, la tentait surtout furieusement.
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