Rébufat se laissa peu à peu aller à traiter Miette en valet de ferme. Il
l'accabla de besognes grossières, se servit d'elle comme d'une bête de somme.
Elle ne se plaignit même pas, elle croyait avoir une dette de reconnaissance à
payer. Le soir, brisée de fatigue, elle pleurait sa tante, cette terrible femme
dont elle sentait maintenant toute la bonté cachée. D'ailleurs, le travail même
dur ne lui déplaisait pas ; elle aimait la force, elle avait l'orgueil de ses
gros bras et de ses solides épaules. Ce qui la navrait, c'était la surveillance
méfiante de son
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nike enfant oncle, ses continuels reproches, son attitude de maitre irrité.
A cette des gorges de la Seille. Quand le braconnier ne fut plus là, le vieux et
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nike homme la fillette vécurent d'aumones. Les habitants
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pa cher de Chavanoz, tous chasseurs, vinrent en aide aux pauvres créatures
que le forcat laissait derrière lui. Cependant le vieux mourut de chagrin.
Miette, restée seule, aurait mendié sur les routes, si les voisines ne s'étaient
souvenues qu'elle avait une tante à Plassans. Une ame charitable voulut bien la
conduire chez cette tante, qui l'accueillit assez mal. Eulalie Chantegreil,
mariée au méger Rébufat, était une grande diablesse noire et volontaire qui
gouvernait au logis.
Elle menait son mari par le bout du nez, disait-on
dans le faubourg. La vérité était que Rébufat, avare, apre à la besogne et au
gain, avait une sorte de respect pour cette grande diablesse, d'une vigueur peu
commune, d'une sobriété et d'une économie rares. Grace à elle, le ménage
prospérait. Le méger grogna le soir où, en rentrant du travail, il trouva Miette
installée. Mais sa femme lui ferma la bouche, en lui disant de sa voix rude :
Bah ! la petite est bien constituée ; elle nous servira de servante ; nous la
nourrirons et nous économiserons les gages. Ce calcul sourit à Rébufat. Il alla
jusqu'à tater les bras de l'enfant, qu'il
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solde 3 déclara avec satisfaction très forte pour son age. Miette avait
alors neuf ans. Dès le lendemain, il l'utilisa. Le travail des paysannes, dans
le Midi, est beaucoup plus doux que dans le Nord. On y voit rarement les femmes
occupées à bêcher la terre, à porter les fardeaux, à faire des besognes
d'hommes. Elles lient les gerbes, cueillent les olives et les feuilles de murier
; leur occupation la plus pénible est d'arracher les mauvaises herbes. Miette
travailla gaiement. La vie en plein air était sa joie et sa santé. Tant que sa
tante vécut, elle n'eut que froid.
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